
À propos
Les Ogres de Barback, c'est une histoire de famille. On pourrait affirmer que le groupe existe depuis la naissance des quatre frères et soeurs Burguière, qui le composent. Sam, Fred puis Alice et Mathilde, jumelles, nés à Cergy Pontoise de parents mélomanes et musiciens issus de l'immigration arménienne se révèlent dotés d'un don certain pour la musique et n'envisageront jamais de vivre autrement que par elle. Bercés par les chansons de Brel, Brassens, Férré et Pierre Perret, Sam s'entiche du violon et Fred de l'accordéon. Tous deux jouent dans la rue, où ils se perfectionnent en faisant la manche et les quatre cent coups. Les deux jumelles plus conformistes, optent, elles, pour l'enseignement du conservatoire. Ce sera le violoncelle pour Alice, le piano et la flûte traversière pour Mathilde.
Influences
Les années 1980-90, pendant lesquelles ils ont appris la musique, ont vues se produire des artistes dont la filiation parait évidente avec le recul. On pense à Renaud, pour la plume acérée, aux VRP, à La Tordue ou encore aux Têtes Raides pour la gouaille et la pluridisciplinarité artistique, ou encore à La Mano Negra, aux Bérurier Noir et à Noir Désir pour le message citoyen. Enfin, pour définir la musique des Ogres, il faut faire se rencontrer cet héritage francophone avec la culture des Balkans, ses fanfares entraînantes et cette musique sans frontières.
Musique artisanale
En 1992, pétris de l'énergie rock d'idoles comme « La Mano » et forts d'une expérience de la vie acquise à l'école buissonnière, les deux frères forment un premier groupe : Les Minoritaires. A la suite de cette expérience, l'envie de brouiller les pistes, de ne pas s'enfermer dans un genre, donne l'idée aux garçons d'appeler les filles et leur répertoire classique à la rescousse.
En 1994, les studieuses jumelles et leurs frères aînés créent Les Ogres de Barback. Le nom évoque l'orgue de barbarie, instrument de musique de rue, synonyme de l'idée qu'ils se font de la musique : artisanale et proche des gens. L'ogre fait aussi penser à l'univers du conte, un « instrument » servant à divertir et à instruire. Un choix artistique assumé dès 1997, date de parution de leur premier album Rue du Temps, pour l'iconographie duquel ils font appel à Aurélia Grandin, puis à Eric Fleury, dessinateurs et marionnettistes aux univers enfantins vifs et naïfs. Leur album est distribué par PIAS, mais ils tiennent à le produire eux-mêmes avec les recettes d'années de labeur pendant lesquelles ils ont joué plus de cents concerts par an. Le succès est au rendez-vous : Fred, Sam, Alice et Mathilde, qui ont commencé dans la rue et dans le métro, remplissent les cafés-concerts et les petites salles.
Temps de rue
Rue du Temps, hymne au voyage, laisse présager la suite de leur carrière. Sur la route, les virtuoses enrichissent leur répertoire et leur son. Ils s'échangent leurs instruments, puis, un jour à Prague, décident d'en achetez à bas prix. Trombone, tuba et autres cuivres, s'ajoutent à un éventail musical déjà riche, au point que chaque membre maîtrise au moins cinq instruments. Quant aux textes, écrit et chantés par Fred, ils parlent d'histoires du quotidien, de bonheurs et de désillusions, en dressant le portrait de « petites gens » (comme ils aiment à le dire) dans des scènes de vie où les rupins côtoient les touristes, les vieillards, les jeunes et les saltimbanques.
Hérauts de l'hymne au voyage
Les Ogres assurent à cette époque les premières parties des Têtes Raides et de La Tordue. En 1999, sort Irfan - Le Héros, leur deuxième album. Alors que leur premier album atteint les 12.000 exemplaires vendus et le second 14.000, en 2000, le groupe sort un double album Fausse Notes - Repris de Justesse, toujours en auto production, dans lequel ils rendent hommage à ceux qui les ont influencés en reprenant leur répertoire ( le « Salut à toi » des Bérurier Noir va même devenir un « classique » des Ogres, tout comme « La Chanson du canal » de Pierre Perret, qui figurera sur d'autres enregistrements live).
Bonnes routes
A partir d'avril 2001, ils assurent la conception et la distribution de leurs disques via leur propre label qu'ils nomment Irfan - Le label, une structure dont la tâche revient à distribuer chez les disquaires français, suisses, belges et canadiens leurs propres albums mais aussi ceux de groupes à qui ils souhaitent donner un coup de pouce (parmi eux : Les Fils de Teuhpu, Rageous Gratoons, Semtazone, La Petite Compagnie, La Fanfare du Belgistan, Electric Bazar Cie, La République du Sauvage, Les Chevals...). Pourquoi cet attachement à Irfan ? Il s'agit d'un personnage du film Le Temps des Gitans d'Emir Kusturica. Indéniablement, le chemin du succès des Ogres s'inscrit hors des sentiers battus de l'Hexagone, en particulier sur les routes d'Europe de l'Est.
Après la sortie de Fausse Notes, ils décident d'y partir en tournée avec un chapiteau le « Latcho drom » (« bonne route » dans la langue du peuple Rom). Ils sont rejoins par le groupe Les Hurlements d'Léo, avec qui ils partagent une profonde amitié et la même envie d'apporter la musique et l'art dans des régions qui ne possèdent pas d'infrastructures permettant d'y faire venir des artistes. Le principe de la tournée est aussi de promouvoir les musiciens locaux en les faisant jouer sous le Latcho drom. Trois productions discographiques live naîtront de cette expérience : Croc'Noce (2001), puis un CD et un DVD témoignant de l'union de ces deux formations en un seul groupe Un air, deux familles.
Conte pour enfant et marionnettes
En 2003, Les Ogres de Barback publient La Pittoresque Histoire de Pitt Ocha, un conte musical pour petits et grands évoquant la magie de la vie sous chapiteau pour lequel bien sur, Les Ogres s'inspirent de leur vie de musiciens nomades. Un livre illustré accompagne cet album collectif, dans lequel apparaissent Pierre Perret, Tryo, la Tordue, K2R Riddim, Debout sur le Zinc, la Rue Kétanou, Néry (ex-VRP), qui ont accepté de donner vie à cette fiction. Une partie des ventes de l'album est reversée à Handicap International. En 2004 et 2005 sortent deux disques, suite à leur rencontre et une tournée marathon de plus de deux ans, commencée en 2003, avec la fanfare tzigane du Belgistan. Ce sont dix musiciens qui célèbrent sur scène les dix ans d'une carrière déjantée, comme l'esprit de ces Ogres infatigables.
Assis, debout
En 2006, avec Avril et Vous, le quartette revient à une formule plus basique. Il se produit dans un style sobre et acoustique, dans de petites salles et demande au public de s'asseoir pour assister à la venue sur scène des marionnettes d'Eric Fleury, illustrant leurs univers de chansonniers. Le spectacle porte d'ailleurs le nom explicite de Assis, debout. En 2007, leur dixième album, qui s'intitule Du Simple au Néant, élargit encore leur palette musicale (orgue et choeurs d'église font leur apparition). Assistés de Nick Sanasano (qui a oeuvré pour Zebda et Noir Désir) à la réalisation, les chansons sont ponctuées d'archives sonores (textes de Daniel Mermet de France Inter et d'Hubert Reeves). La fratrie peint une atmosphère assombrie, parfois (o)rageuse : Les Ogres mettent cette fois en avant leur déception en regard de ce que devient le monde. Les titres « Pour tant qu'il y aura des hommes » et « Destin artificiel » sont représentatifs de ce virage.
Indépendance durement gagnée
Militants, ils ont fait partie du collectif d'artistes « Aux urnes, etc. » en vue de sensibiliser la population aux enjeux politiques. En 2007, ils ont d'ailleurs créé une polémique à la suite d'un concert donné le 5 mai, veille d'élection présidentielle. Lorsque le maire UMP de la ville d'Oyonnax leur a reproché de ne pas avoir proposé un spectacle politiquement neutre, ils ont répondu qu'en tant qu'artistes, ils n'étaient nullement tenus de respecter cette neutralité. Episode qui leur a en outre permis de réaffirmer les valeurs politiques et humanistes du groupe.
Finances saines
En plus de rapporter le témoignage d'expériences et de concerts aux quatre coins du continent, la raison pour laquelle Sam, Fred, Alice et Mathilde Bruguière maintiennent cette production annuelle de disques est qu'ils fonctionnent en totale autarcie et que la vente de chaque album finance la réalisation du prochain (d'où la nécessité de maintenir une production, donc une attractivité constante). Environ quinze personnes les suivent continuellement sur la route et vivent des recettes de leurs concerts. Avec une dizaine d'albums en un peu plus de dix ans d'existence, il semblerait que la formule soit comprise et appréciée par un public de plus en plus large.
Comme à chaque période de vacances scolaires, Les quatre membres des Orgres de Barback et leur famille se retrouvent en Ardèche pour concocter la suite et jouer les morceaux composés le reste de l'année. Ainsi apparaît en mars 2011 le dixième album studio Comment Je Suis Devenu Voyageur, véritable ode à l'aventure et à la liberté. Les Ogres voient toujours plus loin en infusant les chansons très abouties de nouveaux instruments arméniens ou orientaux.
Copyright 2010 Music Story Anne Yven
Influences
Les années 1980-90, pendant lesquelles ils ont appris la musique, ont vues se produire des artistes dont la filiation parait évidente avec le recul. On pense à Renaud, pour la plume acérée, aux VRP, à La Tordue ou encore aux Têtes Raides pour la gouaille et la pluridisciplinarité artistique, ou encore à La Mano Negra, aux Bérurier Noir et à Noir Désir pour le message citoyen. Enfin, pour définir la musique des Ogres, il faut faire se rencontrer cet héritage francophone avec la culture des Balkans, ses fanfares entraînantes et cette musique sans frontières.
Musique artisanale
En 1992, pétris de l'énergie rock d'idoles comme « La Mano » et forts d'une expérience de la vie acquise à l'école buissonnière, les deux frères forment un premier groupe : Les Minoritaires. A la suite de cette expérience, l'envie de brouiller les pistes, de ne pas s'enfermer dans un genre, donne l'idée aux garçons d'appeler les filles et leur répertoire classique à la rescousse.
En 1994, les studieuses jumelles et leurs frères aînés créent Les Ogres de Barback. Le nom évoque l'orgue de barbarie, instrument de musique de rue, synonyme de l'idée qu'ils se font de la musique : artisanale et proche des gens. L'ogre fait aussi penser à l'univers du conte, un « instrument » servant à divertir et à instruire. Un choix artistique assumé dès 1997, date de parution de leur premier album Rue du Temps, pour l'iconographie duquel ils font appel à Aurélia Grandin, puis à Eric Fleury, dessinateurs et marionnettistes aux univers enfantins vifs et naïfs. Leur album est distribué par PIAS, mais ils tiennent à le produire eux-mêmes avec les recettes d'années de labeur pendant lesquelles ils ont joué plus de cents concerts par an. Le succès est au rendez-vous : Fred, Sam, Alice et Mathilde, qui ont commencé dans la rue et dans le métro, remplissent les cafés-concerts et les petites salles.
Temps de rue
Rue du Temps, hymne au voyage, laisse présager la suite de leur carrière. Sur la route, les virtuoses enrichissent leur répertoire et leur son. Ils s'échangent leurs instruments, puis, un jour à Prague, décident d'en achetez à bas prix. Trombone, tuba et autres cuivres, s'ajoutent à un éventail musical déjà riche, au point que chaque membre maîtrise au moins cinq instruments. Quant aux textes, écrit et chantés par Fred, ils parlent d'histoires du quotidien, de bonheurs et de désillusions, en dressant le portrait de « petites gens » (comme ils aiment à le dire) dans des scènes de vie où les rupins côtoient les touristes, les vieillards, les jeunes et les saltimbanques.
Hérauts de l'hymne au voyage
Les Ogres assurent à cette époque les premières parties des Têtes Raides et de La Tordue. En 1999, sort Irfan - Le Héros, leur deuxième album. Alors que leur premier album atteint les 12.000 exemplaires vendus et le second 14.000, en 2000, le groupe sort un double album Fausse Notes - Repris de Justesse, toujours en auto production, dans lequel ils rendent hommage à ceux qui les ont influencés en reprenant leur répertoire ( le « Salut à toi » des Bérurier Noir va même devenir un « classique » des Ogres, tout comme « La Chanson du canal » de Pierre Perret, qui figurera sur d'autres enregistrements live).
Bonnes routes
A partir d'avril 2001, ils assurent la conception et la distribution de leurs disques via leur propre label qu'ils nomment Irfan - Le label, une structure dont la tâche revient à distribuer chez les disquaires français, suisses, belges et canadiens leurs propres albums mais aussi ceux de groupes à qui ils souhaitent donner un coup de pouce (parmi eux : Les Fils de Teuhpu, Rageous Gratoons, Semtazone, La Petite Compagnie, La Fanfare du Belgistan, Electric Bazar Cie, La République du Sauvage, Les Chevals...). Pourquoi cet attachement à Irfan ? Il s'agit d'un personnage du film Le Temps des Gitans d'Emir Kusturica. Indéniablement, le chemin du succès des Ogres s'inscrit hors des sentiers battus de l'Hexagone, en particulier sur les routes d'Europe de l'Est.
Après la sortie de Fausse Notes, ils décident d'y partir en tournée avec un chapiteau le « Latcho drom » (« bonne route » dans la langue du peuple Rom). Ils sont rejoins par le groupe Les Hurlements d'Léo, avec qui ils partagent une profonde amitié et la même envie d'apporter la musique et l'art dans des régions qui ne possèdent pas d'infrastructures permettant d'y faire venir des artistes. Le principe de la tournée est aussi de promouvoir les musiciens locaux en les faisant jouer sous le Latcho drom. Trois productions discographiques live naîtront de cette expérience : Croc'Noce (2001), puis un CD et un DVD témoignant de l'union de ces deux formations en un seul groupe Un air, deux familles.
Conte pour enfant et marionnettes
En 2003, Les Ogres de Barback publient La Pittoresque Histoire de Pitt Ocha, un conte musical pour petits et grands évoquant la magie de la vie sous chapiteau pour lequel bien sur, Les Ogres s'inspirent de leur vie de musiciens nomades. Un livre illustré accompagne cet album collectif, dans lequel apparaissent Pierre Perret, Tryo, la Tordue, K2R Riddim, Debout sur le Zinc, la Rue Kétanou, Néry (ex-VRP), qui ont accepté de donner vie à cette fiction. Une partie des ventes de l'album est reversée à Handicap International. En 2004 et 2005 sortent deux disques, suite à leur rencontre et une tournée marathon de plus de deux ans, commencée en 2003, avec la fanfare tzigane du Belgistan. Ce sont dix musiciens qui célèbrent sur scène les dix ans d'une carrière déjantée, comme l'esprit de ces Ogres infatigables.
Assis, debout
En 2006, avec Avril et Vous, le quartette revient à une formule plus basique. Il se produit dans un style sobre et acoustique, dans de petites salles et demande au public de s'asseoir pour assister à la venue sur scène des marionnettes d'Eric Fleury, illustrant leurs univers de chansonniers. Le spectacle porte d'ailleurs le nom explicite de Assis, debout. En 2007, leur dixième album, qui s'intitule Du Simple au Néant, élargit encore leur palette musicale (orgue et choeurs d'église font leur apparition). Assistés de Nick Sanasano (qui a oeuvré pour Zebda et Noir Désir) à la réalisation, les chansons sont ponctuées d'archives sonores (textes de Daniel Mermet de France Inter et d'Hubert Reeves). La fratrie peint une atmosphère assombrie, parfois (o)rageuse : Les Ogres mettent cette fois en avant leur déception en regard de ce que devient le monde. Les titres « Pour tant qu'il y aura des hommes » et « Destin artificiel » sont représentatifs de ce virage.
Indépendance durement gagnée
Militants, ils ont fait partie du collectif d'artistes « Aux urnes, etc. » en vue de sensibiliser la population aux enjeux politiques. En 2007, ils ont d'ailleurs créé une polémique à la suite d'un concert donné le 5 mai, veille d'élection présidentielle. Lorsque le maire UMP de la ville d'Oyonnax leur a reproché de ne pas avoir proposé un spectacle politiquement neutre, ils ont répondu qu'en tant qu'artistes, ils n'étaient nullement tenus de respecter cette neutralité. Episode qui leur a en outre permis de réaffirmer les valeurs politiques et humanistes du groupe.
Finances saines
En plus de rapporter le témoignage d'expériences et de concerts aux quatre coins du continent, la raison pour laquelle Sam, Fred, Alice et Mathilde Bruguière maintiennent cette production annuelle de disques est qu'ils fonctionnent en totale autarcie et que la vente de chaque album finance la réalisation du prochain (d'où la nécessité de maintenir une production, donc une attractivité constante). Environ quinze personnes les suivent continuellement sur la route et vivent des recettes de leurs concerts. Avec une dizaine d'albums en un peu plus de dix ans d'existence, il semblerait que la formule soit comprise et appréciée par un public de plus en plus large.
Comme à chaque période de vacances scolaires, Les quatre membres des Orgres de Barback et leur famille se retrouvent en Ardèche pour concocter la suite et jouer les morceaux composés le reste de l'année. Ainsi apparaît en mars 2011 le dixième album studio Comment Je Suis Devenu Voyageur, véritable ode à l'aventure et à la liberté. Les Ogres voient toujours plus loin en infusant les chansons très abouties de nouveaux instruments arméniens ou orientaux.
Copyright 2010 Music Story Anne Yven